Il était une fois, une vieille boite en bois.
Pas de photo avant, elle était très très moche!
Je ne pouvais pas la laisser pourrir dans un coin, pourtant elle était dans un piteux état. Une épaisse couche de vernis foncé, le fond fendu, plus de serrure...Et après un décapage complet, pas mal de trous de bêbettes sur le pourtour. Le dessus était malgré tout intact, avec une belle patine.
Les charnières ont été changées, le fond aussi, avec une planche récupérée au dos d'un vieux canevas encadré, comme quoi il ne faut jamais rien jeter! La nouvelle fermeture a été achetée sur ebay.
J'ai rebouché les trous avec de la pâte à bois, traité, poncé et reponcé. Puis j'ai passé deux couches de vernis mat acrylique, qui ne modifie pas du tout la couleur du bois brut. J'ai atténué les endroits plus sombres du bois avec un peu de cire blanc colombe de chez Liberon, ce qui donne une patine très douce.
A l'intérieur, j'ai collé un tissu japonais à petites fleurs acheté à Eurodif.
Cette boite est maintenant la boite à souvenirs de ma petite Jeannette.
C'est sa maman qui la voulait ainsi, brute, ancienne mais claire et fleurie à l'intérieur.
Quand mes enfants étaient petits, je les incitais à garder une trace des bons moments et des différentes étapes de leur vie, en déposant des petits souvenirs dans une boite. Hélène, surtout, aime amasser des carnets, des photos, des tickets de spectacles, des billets de train, des babioles...
Je suis contente que la maman de Jeanne reprenne cette tradition. C'est un tel bonheur de réouvrir plus tard ces boites, car une ne suffit pas au fil des ans, et de se replonger dans son enfance, son adolescence, de faire renaître des émotions.
J'ai toujours regretté d'avoir si peu de souvenirs de ma propre enfance, ni malheureuse, ni heureuse ; même mes photos de classe ont disparu, comme si, partie de la maison, il convenait d'effacer toutes mes traces. Pas un objet ne me rattache à ma mère ou à mes grand-mères trop distantes. Je sais bien qu'il ne faut pas accorder trop d'importance aux objets, mais je les vois comme autant de points d'ancrage, qui nous permettent de savoir d'où l'on vient et de progresser dans la vie avec l'assurance d'être aimé.
Cette boite, restaurée avec amour pour la petite Jeannette, serait-elle la boite de Pandore, comme dans la mythologie grecque? Libérant à l'ouverture le sentiment de mal-être laissé par mon enfance, que je gardais bien caché, mais ravivant l'espérance, espérance d'être une bonne mère, une bonne grand mère, ici et maintenant et non plus "il était une fois"...
C'est fou, où peut nous emmener une simple boite en bois!