Phnom Penh
J'étais si jeune à l'époque, si insouciante...Pas de réseaux sociaux, ni de téléphones portables, les informations à la télé et les journaux montraient ce qu'ils pouvaient, mais c'était si loin, presque irréel.
Les années 70, GENOCIDE
après des années de conflit, impliqué dans la guerre du Viêtnam, le Cambodge est envahi par les kmers rouges, Phnom Penh est vidé de sa population...
Hiver 2015, Lille 3000, RENAISSANCE.
La ville de Lille met à l'honneur des grandes villes qui ont su renaitre de leurs cendres. Dans le magnifique musée de l'Hospice Comtesse, une touchante exposition raconte l'horreur, mais aussi le renouveau de cette ville qui court vers la modernité et la consommation, et voit naitre de nombreux artistes autodidactes et innovants.
Des extraits d'un film de Rithy Panh, L'IMAGE MANQUANTE, 2013. Bouleversant!
Vous pouvez voir ce film en streaming sur le net
L'auteur raconte comment, en 1975, les kmers rouges sont entrés dans Phnom Penh et ont obligé les habitants à partir dans les campagnes arides, laissant tout derrière eux. Pendant près de quatre ans, 80% d'entre eux périrent, d'épuisement, de privations, de torture, d'executions. L'adolescent perdit toute sa famille mais tint bon, se réfugiant dans le souvenir des jours heureux. Marqué à jamais, il fait revivre cette période grâce à des petites figurines en terre glaise qui sont les acteurs du film et apporte la touche de douceur et de poésie qui rend ce film supportable.
Les figurines du film ont été sculptées et peintes par Mang Sareth, ce sont des pièces volontairement éphémères, sans cuisson, elles sont fragiles et redeviendront poussière.
Leave for 3 days, 2014.
Le photographe et journaliste Remissa Mak avait 5 ans...Prétextant que la ville allait être bombardée par les américains, les kmers rouges ordonnent l'évacuation de la ville officiellement "pour seulement trois jours", avec l'obligation de n'emporter que le minimum. Trois jours qui se transformèrent en quatre ans...
C'est cet exode que Remissa Mak reconstitue dans ses photos. Il découpe des papiers qu'il installe sur le gravier et enveloppe de fumée.
Arrivés à destination, dans des fermes rurales collectives, ces pauvres gens sont dépouillés de tous leurs maigres biens, ils doivent revêtir l'uniforme et abandonner toute identité.
L'exposition montre aussi les rares objets personnels, et quelques photos qui ont été sauvés de la destruction, les propriétaires les ayant enterrés avant de s'exiler.
Une photo de Phnom Penh, ville fantome, le jour de la libération par les vietnamiens en 1979.
Après quatre ans de terreur, la ville dévastée mit longtemps à se reconstruire. Mais depuis peu, son développement s'accélère, de façon anarchique, sans se soucier de la préservation de son patrimoine architectural.
Une exposition poignante,
J'étais si jeune à l'époque, si insouciante...Je n'ai pas su, je n'ai pas cherché à savoir. Et même si j'avais su...Je me sens impuissante devant ces horreurs qui se sont passées et qui se passent encore aujourd'hui dans d'autres pays.
Mais demain je vous parlerai de quelques uns de ces artistes qui cherchent leur identité dans ce pays meurtri.
Je vous quitte avec une fleur qui s'ouvre et se referme dans la cour du musée.