Expo Jean François Millet- Millet USA
Dernière semaine pour voir cette belle exposition au Palais des Beaux-Arts de Lille!
Ringard, Jean François Millet?
Tout le monde se souvient de la célèbre toile "l'angélus du soir", dont la reproduction ornait la cuisine de nos grands-mères, et pendant longtemps le best of des calendriers de la Poste.
Toile commandée par un américain en 1857 pour 1500 francs, et qui fut revendue en 1891 pour 800 000 francs!
Mais savez-vous que cet artiste est très apprécié aux Etats-Unis, où sont conservées la plupart de ses toiles? De son vivant, il a influencé nombre de peintres américains, et depuis lors, photographes, écrivains, cinéastes s'inspirent de son oeuvre outre-Atlantique.
Jean-François Millet nait en 1814, en Normandie, d'une famille de paysans aisés. Doué pour le dessin, on lui offre l'opportunité d'aller se former dans un atelier parisien. Pendant ces années, il vivote, cherche sa voie, peignant surtout des portraits.
Sa jeune femme Pauline décède de tuberculose, et en 1849, il part habiter à la campagne, à Barbizon, avec sa nouvelle compagne qui lui donnera neuf enfants!
Ce tableau, un vanneur, marque un tournant dans la carrière de Jean-françois Millet.
Il en a assez de peindre des notables, des héros mythologiques, des scènes paysannes rêvées. Il veut peindre la réalité des gens simples, dans leur labeur et leur intimité.
"C'est le côté humain, franchement humain, qui me touche le plus en art" (Jean-François Millet)
Il observe, puis restitue en atelier le poids, l'effort, la fatigue du labeur, les visages tannés et les corps enlaidis. Par la peinture mais aussi le dessin, le pastel, la gravure...
Il aime peindre le quotidien des mères, sans chercher à embellir les êtres, en y mêlant parfois quelques références bibliques..
Erudit et contemplateur, il aime représenter le silence et la solitude
Le crépuscule, la nuit, sont pour Millet d'importants sujets de réflexion et d'interrogation sur la place de l'homme dans l'univers.
"On doit pouvoir faire entendre, les chants, les silences, les bruissements des airs. Il faut percevoir l'infini" (Jean-François Millet)
C'est vers la fin de sa vie qu'il se remémore les souvenirs de son enfance en Normandie
Tous ces peintres venus à Barbizon travailler au contact de la nature et de la vraie vie ont ouvert la voie aux impressionnistes
et même si plus personne n'accroche ces tableaux au mur, jugés démodés (sauf ma copine Ginette, pardon, si tu lis ce billet, j'ai vu l'angélus chez toi!)
on ne peut que respecter leur travail et être touché par ces scènes qui représentent nos racines.
Les américains, issus de migrants, ont bien compris cet attachement à la nature, à la terre, cette dure réalité de la vie rurale, représentés par Jean-François Millet.
*Agriculteur et ses fils marchant face à une tempête de poussière (Arthur Rothstein)
Montrer les gens tels qu'ils sont, leur authenticité,
montrer sans fard la solitude sociale, les épreuves de la vie, les exclus du rêve américain...
*Famille de travailleurs agricoles émigrés (Dorothea Lange)
Je voulais partager avec vous cet artiste, somme toute, assez méconnu, que j'ai pris grand plaisir à découvrir.
L'expo s'arrête le 22 janvier.