Les petites histoires du château de Vaux-le-Vicomte
Je vous ai conté, dans mon dernier billet, la tragique histoire de Nicolas Fouquet.
Une amitié sincère le liait à Jean de la Fontaine. Séduit par ses écrits, Fouquet l'avait soutenu, tout jeune écrivain, et l'avait invité à résider à Vaux Le Vicomte. Contre une pension, Jean de la Fontaine versifiait la gloire de Fouquet et la beauté de son domaine.
Une amitié qui perdura après la chute de Fouquet, Jean de la Fontaine le soutint lors de son procès et implora sa grâce au roi par de courageux plaidoyers qui lui valurent d'être exilé quelques mois, puis exclu de la Cour et privé de ses mécènes.
La veuve de Fouquet et son fils furent eux aussi exilés pendant 12 ans, avant de pouvoir revenir dans leur château dévasté.
Mais quand le fils meurt brutalement, la veuve vend son domaine au Maréchal de Villars. Domaine revendu par la suite au Duc de Praslin.
C'est la Révolution française et la Duchesse de Praslin doit faire preuve d'habileté pour sauver son château! Alors qu'elle reçoit l'ordre d'évacuer le château sous huit jours, pour qu'il soit détruit, elle répond qu'elle ne s'oppose pas à la destruction, mais propose préalabrement d'offrir les chefs d'oeuvre de Le Brun au Museum de la République. C'est très rusé, cette offre place ainsi Vaux sous la protection de l'Etat, et stoppe pour un temps la procédure, en espérant des jours meilleurs. En effet, la période de la terreur étant terminée, les experts de la Commission des Arts se rendent à Vaux et décident de conserver l'ensemble du domaine. Vaux est sauvé grâce à cette femme intelligente!
Le château est ensuite délaissé par les descendants du Duc, puis mis aux enchêres et acquis en 1875 par un amateur d'art, Alfred Sommier. Un immense chantier de restauration commence alors...
Durant la première guerre mondiale, l'épouse d'Edme Sommier, s'illustre en prenant la tête d'un hôpital militaire installé dans l'orangerie des communs. Sa rigueur et son dévouement lui vaudront la visite du Maréchal Foch et du président Clémenceau.
L'intérieur du château a gardé l'empreinte des différents propriétaires. Le domaine est toujours géré par les descendants d'Alfred Sommier, la famille de Vogüé.
Une pièce qui m'a beaucoup intéressée! La salle de bain...
Le bain était très utilisé au Moyen-Age et jusqu'à la fin de la Renaissance, mais il disparait peu à peu avec la diffusion des maladies comme la syphilis et la peste. A tel point qu'il est banni de la vie courante au XVIIème siècle et même déconseillé par les médecins qui considèrent que l'eau chaude dilate les pores et favorise la pénétration des maladies par la peau.
Dès lors, on pratique une toilette dite "sèche", en se frottant le corps avec un linge propre. L'usage de l'eau est restreint aux parties visibles du corps, visage et mains. Plutôt que d'éliminer la saleté, on va la camoufler avec des artifices odorants (cannelle, musc, jasmin). Les femmes utilisent de l'eau parfumée à la fleur de lys ou de nénuphar avant de s'appliquer de l'huile. Quant aux hommes, ils utilisent des cotons imbibés d'alcool ou de vinaigre. Les pastilles d'anis servent à rafraîchir l'haleine.
Le recours aux cosmétiques est aussi de rigueur : le teint blanc est recherché pour se différencier des paysans exposés au soleil, on utilise des poudres souvent toxiques, comme la céruse. Le fard rouge, sur les joues et sur les lèvres, accentue ce contraste.
L'eau ne commence à réapparaitre dans les foyers que très lentement à partir du XVIIIème siècle. En 1850, un français prenait un bain en moyenne tous les deux ans. En 1978, un logement sur quatre ne possédait pas de salle de bain.
Le bidet, en porcelaine et osier canné, est une invention du XVIIIème siècle. Il est grivoisement surnommé "pièce d'eau des cuisses".
La baignoire: son tablier est en osier canné, sa cuve en tôle galvanisée
Le chauffe-bain à deux ventricules est en cuivre. Cet ustensile est immergé dans l'eau chaude du bain pour la maintenir tiède. Des braises sont introduites dans le corps central et sont déposées sur une grille placée au niveau du bas de la partie galbée. les deux cheminées latérales permettent d'apporter l'air frais nécessaire à la combustion des braises. Le socle est lesté afin d'empêcher le chauffe-bain de remonter sous la poussée d'Archimède.
Le clystère, en étain, sert à pratiquer des lavements de l'intestin.
La chaise percée en bois est de style Louis XV
De magnifiques voitures anciennes et leurs équipages sont exposés dans les grandes écuries du château
J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce joli château en Seine et Marne.
Et vous, aimez-vous visiter les châteaux?