Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A l'heure des rêves
7 février 2016

Phnom Penh, le renouveau artistique.

 

Dans mon dernier billet, je vous ai montré le génocide cambodgien des années 70, au travers d'oeuvres artistiques, qui m'ont particulièrement touchée, lors de l'exposition Lille 3000 au musée de l'Hospice Comtesse..

Car dans ce petit pays ravagé, qui renait de ses cendres, émerge de nombreux artistes incroyables, de haut niveau, alors que l'enseignement artistique est quasi inexistant et que 90% des artistes et des intellectuels ont disparu entre 1975 et 1979.

Il y a ceux qui ont connu le génocide et ont survécu, ceux qui ont fui et ont connu l'exil. Puis ceux qui sont nés après 1979 et n'ont pas échappé au traumatisme, à la guérilla, leur pays détruit et les familles déracinées. Enfin les jeunes, ouverts sur le monde, plein de fougue et sans complexes...

Mais tous, passionnés et innovants, revendiquent une culture commune, et se projètent résolument vers l'avenir.

 

Theanly Chov, 1985, autoportrait.

Cette toile fait partie d'une série de portraits très colorés, Survivors, mettant en scène des personnes actuelles, toujours tendues vers l'avant. Métaphore de tous ceux, artistes et petites gens, qui essaient de sortir la tête de l'eau pour respirer, de trouver leur place dans ce pays en mutation.

SURVIVORS Theanly Chov

 

Sophal Neak, 1989.

Cette jeune photographe réalise une série de portraits, Hangon, dans le Pnom Penh d'aujourd'hui. Elle dissimule les visages derrière les signes du métier de chacun, révélant l'évolution de cette société entre tradition et mondialisation.

HANG ON, Sophal Neak

 

Seckon Leang, 1974.

Cet artiste à la renommée internationale, est engagé aussi bien sur les questions politiques que sur la défense de l'environnement. Fervent écologiste, il récupère des vieux papiers, des sachets, des jeux de cartes, il les assemble, les colle et même les coud sur des toiles.

 

Seckon Leang,

*collage montrant l'alcoolisme chez les jeunes

Toiles et collages, Seckon LeangDommage, on ne perçoit pas les collages et les reliefs sur mes photos, prises un peu à la va-vite!

 

 

Anida Yoeu Ali, 1974.

Exilée jusqu'en 2011, elle a vécu 30 ans aux Etats Unis. Femme musulmane engagée, partagée entre deux cultures, elle expose ici une sculpture, une vidéo et une photographie sur le même thème. Une femme vêtue d'une immense robe danse au milieu d'un champ de riz, redécouverte de la nature, en opposition à la ville grouillante et polluée.

Anida Yoeu Ali (1)

Anida Yoeu Ali

 

Sopheap Pich, 1971.

Connu au niveau internationnal, il est lui aussi revenu au Cambodge après des années d'exil  Malgré une solide formation en peinture aux Etats Unis, il change totalement à son retour au Cambodge, et se met à la sculpture, principalement au rotin.

 

BUDDHA 3, Sopheap Pich

 

Lina Pha, 1986.

Cette photojournaliste a été bouleversée par la situation d'une minorité du Ratanakiri, en train de disparaitre car expulsée de ses terres ancestrales du nord-est, au profit de grosses entreprises vietnamiennes et chinoises. Elle a représenté les habitants entravés par les longs mètres rubans qui servent à mesurer les terres d'où on les expulse.

 

RATANAKIRI, Lina Pha

 

Ti Tit, 1991.

Blogeur de la toute jeune génération, il réalise des autoportraits accompagnés de textes courts en kmer, en anglais et en français. Beaucoup de jeunes se reconnaissent dans son humour, son impertinence, ses provocations, qui masquent des questions existentielles.

Cambodge is bizarre, photos de Ti Tit

 

Vannak Khun, 1980.

Toujours cette nouvelle génération, qui cherche son identité, entre ses racines culturelles et le présent encore chaotique,  corruption, trafics, faillite du système éducatif, pauvreté dans les campagnes, fortes inégalités, développement anarchique des villes...

Dans cette série de photos autoportraits, Vannak KHun joue avec les chiffres (il est comptable), la numérologie occupe une grande place dans la culture traditionnelle,ainsi que les jeux de cartes, les casinos. Alors il projette sur son corps son numéro de téléphone, le numéro d'immatriculation de sa moto, sa date de naisance, et autres chiffres emmélés.

"Aujourd'hui, nous sommes tous des numéros", ce sont les combinaisons chiffrées des ordinateurs qui régentent notre vie...

Numbers, Vannak Khun

 

Em Riem, 1977.

Peintre, sculpteur, mais c'est surtout dans le design qu'il est le plus inventif, comme pour ces sièges en rotin fabriqués avec des méthodes ancestrales.

rotin design, Em Riem

 

Vous êtes toujours là?

J'aurais pu vous en montrer plus, mais le but n'est pas ici de faire un catalogue, mais de jeter un regard nouveau sur l'art contemporain. Au delà de "j'aime" ou "je n'aime pas"...Ces hommes et ces femmes artistes, sans se soucier des modes ou du marché de l'art, ont un besoin si sincère de s'exprimer qu'ils forcent le respect.

 

 Une vraie découverte pour moi, que j'ai aimé vous faire partager.

 

Fruit tree, pop art coréen*Fruit tree, de Choi Jeong Hwa, pop art coréen, à la Vieille Bourse de Lille. Que la semaine qui commence soit gaie et colorée...

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
C'est intéressant tout ça, que des artistes inconnus pour moi, c'est bien qu'ils aient la possibilité de s'exprimer chacun à leur manière et d'y arriver. Il y a vraiment des oeuvres sympas dans ce que tu nous montres, on sent espoir et souffrance, c'est émouvant. Merci Odile pour ce beau reportage ! Plein de bisous
Répondre
N
Merci pour le partage, ça avait l'air génial, trop déçue de l'avoir ratée du coup ... Je n'ai même pas vu l'oeuvre dans la Vieille Bourse alors que j'y passe souvent ! Tant pis pour moi! En tout cas tu as l'air d'en avoir bien profité ...<br /> <br /> Je te souhaite un bon dimanche !<br /> <br /> Bises !
Répondre
M
Coucou. D abord merci pour ce partage et cette découverte artistique. Ce billet donne de l'espoir. J espère qu un jour le Monde vivra en paix, solidaire. @ bientôt.
Répondre
S
Merci pour cette belle exposition si enrichissante!<br /> <br /> <br /> <br /> Marie
Répondre
M
bien sûr que l'on est au delà du j'aime ou j'aime pas - ces œuvres sont une découverte imprégnée du vécu des artistes - on en retire forcément quelque chose
Répondre
A l'heure des rêves
Publicité
A l'heure des rêves
Archives
Pages
Newsletter
232 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 602 013
Publicité