le château du Rivau
Après avoir profité des jardins, poussons la porte du château.
Mi-forteresse, mi-demeure d'agrêment, ce château est l'un des plus anciens du Val de Loire. Restauré pendant 20 ans par les propriétaires actuels, il possède également des écuries royales, une grange dimière et un pressoir.
Chaque année, une exposition d'artistes contemporains se mêle aux oeuvres d'art des siècles passés.
En 2020-2021, "Goût de l'Art" se réapproprie la table, les ingrédients végétaux et animaliers. Depuis toujours, les nourritures sont présentes dans l'Art, mais de nos jours les artistes en profitent pour questionner, pointer les excès de l'homme, dénoncer le trop plein de déchets et les pratiques alimentaires déviantes.
On est tout de suite dans le bain avec cet énorme caddie devant l'entrée du château (c'est sûr, des géants y habitent!). Symbole des supermarchés et de la consommation de masse.
Grimpons dans la tour et entrons dans la salle Beauvau.
Cotoyant une collection de céramiques anciennes, la POMME dans tous ses états, symbole de la connaissance du bien et du mal, qui nous rappelle le Paradis perdu et aussi le mythe du jardin des Hespérides.
"Hommage à Redouté", un bouquet de fleurs sculpté dans le givre, beauté éphémère figée par le temps qui passe, un thème récurrent dans l'Art.
Et pour la touche humoristique, un mignon heaume cimier!
Passons dans la salle du Grand Logis, dédiée à l'art de la chasse et à une collection familiale de trophées.
(j'avais déjà perdu les lectrices réfractaires à l'art contemporain, maintenant je vais perdre aussi celles qui sont anti-chasse)
L'art de ne pas se prendre au sérieux! Avec plein de trophées revisités, un canard myope, ou une parade amoureuse entre un faisan et une cane...
Des décors plus sobres aussi, comme ces porcelaines saturées de laine d'acier entre blanc et gris.
Mais aussi des oeuvres engagées, comme cette parodie d'une nature morte flamande (cherchez l'intrus), ou ce jeune chevalier agonisant après avoir ingurgité trop de malbouffe M
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Continuons la visite par la salle du Festin de Balthazar, peinture d'un artiste flamand
La table a été dressée pour un repas de fête!
"Manger des yeux", des décors surréalistes, fantastiques, parfois inquiétants
Et toujours des références aux contes de fées, comme avec cette citrouille hybridée avec la sihouette du château.
A l'étage, la salle des Dames.
La tapisserie a été tissée au XVIème siècle
A côté d'une authentique cheminée gothique, une référence à un conte des frères Grimm, Frérot et soeurette.
Légèreté d'une sculpture vaporeuse,
mais attention, les belles pâtisseries colorées ont piégé dans leur résine quelques malheureux insectes, toujours l'allusion aux vanités, allégorie de la mort.
Mais qui nous espionne derrière la vitre? Vilaine gargouille!
Terminons par les salles dédiées à Jeanne d'Arc, qui vint se fournir en chevaux, et fut l'hôte du château avant d'aller bouter les anglais.
Magnifique chapelle, et une Jeanne d'Arc de plumes!
J'ai aimé l'humour de cette exposition, au delà des clichés "j'aime" ou "je n'aime pas". Bien sûr, vous n'en voyez ici qu'une partie.
Ces oeuvres ne traverseront sans doute pas les siècles, et on a besoin de lire les explications sur le livret de l'exposition pour comprendre l'intention de l'artiste. Et même parfois, on ne comprend rien du tout! En tous cas, j'ai ressenti plus d'émerveillement et d'émotion au château du Rivau que devant les toiles toutes noires de Pierre Soulages...
Je n'ai pu prendre de photos des autres bâtiments car il y avait un vernissage privé et tout un tas de ladies and gentlemen en tenue de soirée qui contrastaient trop avec mes baskets!
Il y a tellement de petits château en Val de Loire, chacun a besoin de trouver une voie originale pour attirer les touristes et ainsi sauvegarder notre patrimoine. Pari réussi pour le château du Rivau!
*visite du 3 juillet 2020